La forteresse de Château Pignon

 En Basse Navarre à une dizaine de kilomètres au sud de Saint-Jean-Pied-de-Port sur la route Napoléon (GR65), une construction énigmatique au sommet d'une proéminence calcaire semble veiller sur ce chemin millénaire.

Château Pignon et la route Napoléon (GR65)
La dénomination « Château Pignon » est la francisation abrégée des termes Fortaleza del Peñón de San Juan de Santa Maria qui désignaient un ouvrage fortifié édifié à partir de 1513 sur ordre du roi Ferdinand II d’Aragon lors de la conquête du royaume de Navarre. Juchée à 1177 m sur un relief calcaire (commune de Saint-Michel), cette construction, désormais réduite à un amas de ruines, dominait un très ancien axe de communication permettant le franchissement des Pyrénées.

Château Pignon et l'enceinte de Zerkupe
Sur le plan historique celui-ci s’inscrit pleinement dans le contexte de la conquête du royaume de Navarre conduite entre juillet et septembre 1512, sur ordre de Ferdinand II d’Aragon. Afin d’empêcher toute contre-offensive venue de France, ce dernier ordonna en 1513 la construction ou l’aménagement de plusieurs ouvrages fortifiés dont la Fortaleza del Puerto e Peñón. Celle-ci comprenait en fait deux entités édifiées chacune sur un piton calcaire, la plus importante aujourd’hui connue sous le nom de « Château Pignon » dominant la principale voie de franchissement des Pyrénées navarraises. L’ensemble fortifié fut abandonné au plus tard en 1527 mais le site fut à nouveau utilisé lors des Guerres de la Convention puis lors de la retraite d’Espagne des armées napoléoniennes.

Détail de la structure de Château Pignon
L’ouvrage comportait une partie principale, une tour d’artillerie et un « ravelin », le tout flanqué par plusieurs bouches à feu plongeantes (fig. 1). Ce plan et les études du bâti subsistant montrent que Pedro de Malpaso a indiscutablement conçu El Peñón en cherchant à adapter ses murs aux risques que pouvait faire peser sur eux l’artillerie d’un éventuel assaillant : murs épais (4,4 m) et talutés face aux reliefs où il aurait été possible de positionner ce type de pièce, murs moins épais (2,8 m) et non talutés ailleurs. C’est en particulier le cas pour celui où s’ouvrait la porte, dirigé vers une large et profonde vallée. Toutefois, la construction n’a jamais été achevée en particulier, une seconde tour, destinée à protéger la pointe nord, est sans doute restée à l’état de projet et n’a pu montrer son éventuelle efficacité lorsqu’elle a été confrontée à une armée équipée de bouches à feu.

Plan de la structure de Château Pignon
cette fortaleza nous offre un remarquable exemple d’une construction dite de « transition », conçue par un important ingénieur militaire (Pedro de Malpaso) au service du pouvoir royal espagnol, assez révélatrice des tentatives de concevoir des nouvelles formes d’ouvrages fortifiés destinés à résister aux progrès de l’artillerie. Concrètement, sont associées ici des architectures dans la continuité des réalisations médiévales, telles la tour circulaire, et d’autres qui annoncent le système bastionné, comme le « ravelin ». Pour autant, El Peñón ainsi que les autres fortifications contemporaines navarraises ont rapidement montré leur limite et elles ont été assez vite remplacées par une seule place forte concentrant tous les efforts financiers et humains : Pampelune, où, à partir de la fin des années 1520, furent progressivement mais pleinement adoptées les nouvelles conceptions défensives.
Sources : Christian Normand

Château Pignon et la route Napoléon (GR 65)

Château Pignon avec en fond le site de la Vierge d'Orisson (Biakorri)


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